La moisson des Ogres 1

Les orgres sont , en règle générale , des créatures solitaires que les humains , les elfes et même certains nains craignent . Il se déplacent sans chercher à se cacher , et s'amuse de l'effroi qu'ils lisent dans les yeux de leurs victimes avant de décapsuler leurs cranes d'un coup de dent et de s'abreuver de leurs sang puis se nourir de leur chair . Hommes , femmes et enfants , ils ne font pas de distinction . Il sont plutot résistant .
Mais alors , pourquoi ces ogres là se déplaçaient en groupe organisé ? Une question que le loki qui les avait pris en chasse ne considérait guerre comme importante . L'essentiel , c'est que les ogres pouvaient se montrer plus dangereux qu'à l'ordinaire si ils se rassemblaient , mais en général , encore , il ne dépassaient pas les six ou septs individus dans un groupe . Hors , là , ils étaient le double . Edwin était résolu à réduire cet assemblée en lambeaux pour ne pas voir le phénomène s'étendre sur tout le royaume : Le mal prendrait alors le dessus si celà arrivait . Ce n'est pas comme si il lui importait que le bien gagne , au contraire . Il souhaitait plutot que les deux camps restent à égalité , qu'un équilibre s'installe .
C'est ce qui poussa le guerrier à sortir des fourrets dans lesquels il été embusqué , l'arme au poing . Le petit bataillon d'ogre s'arrêta . Ils le lorgnèrent comme une bête curieuse , habitués à ce que les hommes fuient devant eux. Ils retrouvèrent bien vite cependant leurs esprits , et l'un d'eux se jetta sur Edwin. Le guerrier l'accueillis d'un coup de hache en pleine tête , stoppant les autres dans leur élan . Le loki se mis alors à chanter .

"Venez , sales bêtes
Perdre votre tête ,
Et craignez ma lame
Ainsi que mes flammes ."

Le loki lança une boule de feu sur le torax d'une des créatures, comme pour illustrer ses propos, tandis que les autres repartaient à l'assaut du guerrier toujours chantant .

"Perdez tout courage
Car voici ma rage
Moi , simple guerrier,
Vais vous décimer.
Je vais vous tailler en tranche
De vos épaules à vos hanches
Vous avez raison d'hurler
Car je serai sans pitiée .
Fauche les ogres comme du blé
La moisson a commencée
Et à peine ai-je entamé
Que c'est déjà terminé ."

Et en effet , son chant barbare terminé , les ogres étaient à terre , débités en plusieurs tranches , certains carbonisés . Le combat avait duré moins de vingt secondes . Le guerrier était couvert de sang . Il s'avança vers l'un des corps mutilés et y arracha un croc , trophée qu'il garderai avec les autres . Il essuya sa hache dans les fourets , et se mit à la recherche d'un cours d'eau . Il en trouva un une heure plus tard et , il se dévétit et entre dans la petite rivière pour enlever le sang séché lui collant à la peau.

Les planches de bois usées par le temps craquaient sous ses pieds et au dessus de sa tête, étrangement. Le pentacle venait de s’embraser, enflammant la poudre rouge que Tristana avait déposé sur les contours de l’étoile à cinq branches. Elle aurait dû attendre la pleine lune, Daïni l’en avait suppliée. La jeune femme s’était montrée patiente quelques jours. Elle devait rester dans cette grange pour pouvoir effectuer son invocation, et le temps lui paraissait atrocement long. Corrompue jusqu’à la racine de ses cheveux d’un noir profond, ce fut avec un sourire vicieux qu’elle avait entreprit de tracer ce pentacle sur le sol, à la craie blanche, avant de proférer ce langage qu’elle connaissait malgré son ignorance profonde du latin. Elle répartit la poudre rouge sur l’étoile, poudre dont elle aurait douté connaître l’origine.
Les flammes brillaient dans ses yeux, le gris de ses iris semblant brûler ses pupilles rétractées. Elle ne comptait nullement entrer en transe, loin de là même. Cette puissance n’était pas suffisamment importante. A mesure que l’invocation prenait forme, Lélio se tassait dans un coin où les quelques restes d’une certaine motte de foin se laissaient deviner. Tapi dans l’ombre, l’être végétal était terrorisé. Elle connaissait l’horreur qu’il avait du fait qu’elle effectue ce genre de pratiques mais après tout, c’était sa vie. Daïni s’était perché sur une haute poutre de la grange, ne sachant exprimer un mauvais sentiment que par une mise à l’écart passagère. Tristana ne pouvais lui en vouloir, Daïni était l’incarnation de la bienveillance. LoracL quand à lui restait à ses côtés, fasciné par les occupations infernales de sa maîtresse. Le cheval aux sabots ardents s’excitait de plus en plus, restant légèrement à l’écart du pentacle malgré sa fureur à ne pas pouvoir s‘y rendre. Le sourire de Tristana s’élargit.
Le couinement presque imperceptible de Lélio suivit la montée du feu. Une fumée violette s’en échappa, et la forme d’un lycan se dessina. Des yeux d’un jaune parfait s’ouvrir. Le loup invoqué poussa un léger grognement. Sa silhouette toute entière devint solide. Tristana éclata d’un rire maléfique et tomba en arrière, assise sur les dalles sales de la grange. Le loup sortit du pentacle et s’enfut en vitesse. Un courant d’air violent fit grincer toute la toiture du bâtiment. Le feu s’éteint, le pentacle redevint ce pauvre dessin insignifiant à la craie au sol. Le tissu rapiécé de sa robe découvrait une partie de sa jambe frêle. Tristana se releva. Ses cheveux défaits et légèrement en bataille laissaient à ses mèches noires le loisir d’encombrer son visage pâle, cireux, creusé, ses yeux cernés. Elle les dégagea de ses mains et se tourna vers Lélio. Il tremblait, la petite feuille surplombant la tige dominant sa tête abaissée entre ses petits membres étranges. Passant devant LoracL, qui grattait le pentacle mort de ses sabots, elle prit Lélio dans ses bras. Les violents tremblement du petit être se calmèrent, petit à petit. Tristana s’assit contre le mur, le végétal toujours entre ses bras parcourus de frisson. La chaleur intense divulguée par l’invocation s’en était allée en même temps que l’invoqué, et la fraîcheur se faisait maintenant ressentir sur la fébrile jeune femme. LoracL se rapprocha d’eux. La haine sempiternel dans le regard de ce cheval si petit qu’il lui arrivait à peine à la taille l’amusait. Il s’allongea à coté d’elle, sa tête appuyée sur ses jambes et ferma les yeux. Lélio dormait déjà quand à lui. La jeune femme leva ses yeux gris vers la poutre centrale de la grange. Daïni la regardait, comme toujours. La petite invocation aux couleurs de l’aurore descendit avec légèreté pour venir se caller sur ses jambes, non loin de LoracL. Les respirations régulières de ses trois raisons de vivre apaisèrent son éternel esprit tourmenté. Elle trouva le sommeil peut de temps après.

Les routes, à peine tracées, procuraient à Tristana un sentiment de mélancolie dont elle ne pouvait nier le plaisir. Elle aimait cet état, lui rappelant le bonheur mensongé, le leurre dont elle était tombée jadis. Petite Tristana, la fille de son frère, petite fille de sa mère... la princesse du royaume défunt tout comme son maitre et amant.
Un son de dérapage la tira de ses pensées sombres. Elle se retourna. Lélio venait de tomber. La jeune femme le ramassa et le prit entre ses bras. Les yeux himidifiés du végétal ne l'interpellèrent pas ou si peu. Elle avait dépassé depuis longtemps le stade de sensibilité, et continua son chemin sur les traces de LoracL l'ayant devancée. Daïni était tellement haut que Tristana n'apercevait plus que les pâles lueurs divulguées par son être de bienveillance, balance à ce que LoracL constituait. Etaient-ils sont équilibre personnel, ce qui la maintenait en vie...? Lélio était-il le refflet d'une sensibilité qui jadis l'habita... Et elle... à quoi servait-elle?
Ces pensées si habituelles la firent sourire. Elle avait depuis bien longtemps compris sa totale inutilité, du moins, la totale inutilité des humains sur terre, dans ce monde... la corruption avait du bon: cette race se sentait utile.
Bientôt ils atteignèrent une parcelle de la plaine qu'ils traversaient où une odeur nauséabonde de corps en décomposition les attaquèrent. Lélio grimaçait et enfouit sa petite tête dans le foulard de Tristana, portant sa propre odeur bien plus agréable que celle qui embaumait l'endroit. Daïni était furtivement redescendue avant de remonter haut dans les cieux par dégout. LoracL était aussi surpris et intrigué que Tristana...
Malgré son abhoration et son dégout pour cette senteur délicate, elle chercha l'origine de cette odeur, qu'elle trouva sans difficulté. Le spectacle se présentant à elle était aussi amusant qu'incompréhensible. Des parcelles d'êtres qui avant avaient dû être d'une laideur prononcée gisaient ça et là. A bien y réfléchir, la jeune femme se demanda si ainsi éparpillés les créatures n'étaient pas plus jolies dans leur laideur abominable. A s'en approcher, ils étaient vraiment découpés, déchiquetés pour certains. Tristana se rendit compte de l'erreur impardonnable qu'elle fesait. Si les auteurs de ce "massacre" étaient encore dans les parages elle se trouverait dans de beaux draps. Enfin, elle ne sentait aucune présence proche, et la séreinités de ses invocations la conforta dans son idée. Lélio avait avait raison jugé utile de regarder le champs que Tristana traversait. La petite nature du végétale se consolidait avec les quelques expériences que sa maitresse lui fesait subir. Elle examina sans les toucher les morceaux de corps et déduit que ce devaient être des ogres, ou des créatures y ressemblant. Elle sourit. Le sang était encore chaud, et elle n'en disposait pas dans ses quelques fioles. Il lui serait certainement utiles, si elle se renseignait sur ces bêtes... biensur... cela était risqué, mais elle cultivait un amour du risque notable. Elle posa Lélio sur LoracL et commença à extraire du liquide rouge, le prélevant dans quelques fioles de grande taille. Elle en rempli trois qu'elle déposa soigneusement avec les autres dans son sac au contenu aussi vertueux que vicieux.
Fière de son travail de charognard, elle continua son chemin, admirant une dernière fois l'adresse avec laquelle ces êtres avaient été dilapidés. Ils étaient certainement plusieurs, une quinzaine à avoir agit ainsi, et leur entraînement ne devait être négligé. Elle nota également que certaines parcelles des corps étaient brulés... Tristana se demanda dans quel monde de fou elle vivait et cela lui arracha un nouveau sourire encore plus prononcé que les précédents.

Elle avait repris Lélio dans ses bras, car le rythme des pas de LoracL empêchait le petit être de trouver ce sommeil dans lequel il ferait de violent cauchemards lui rappelant ce qu'il avait vu. Endormit dans ses bras, il procurait à Tristana un sentiment de suppériorité. Un être avait besoin d'elle, comptait sur sa protection, et elle ne supportait pas de ne pas remplir ces fonctions que Lélio lui attribuait. Il lui fesait tellement confiance, il ne connaissait qu'elle.
Daïni redescendit quelques temps après qu'ils aient quitté l'endroit où gisaient des corps vidés pour certains de leur sang. LoracL devenait de plus en plus nerveux et la créature d'aurore volait à coté de Tristana, comme protectrice de la jeune femme et de l'être qu'elle avait entre ses bras. Elle meme sentait qu'elle se rapprochait d'une présence certaine. Deux humains, peut être trois, mais pas plus... elle en était certaine. Le bruit d'un cours d'eau se fesait entendre, et Tristana en déduit que le petit groupe utilisait cette ressource dans un périple... Elle resta méfiante. Daïni la suppliait du regard, et la jeune femme comprenait que son être de séreinité voulait qu'elle passe ailleurs, par un chemin évitant tout risque. Ce n'étaient nullement là les intentions de Tristana. Elle suivait LoracL qui la menait droit à l'endroit où les présences se fesaient ressentir. Après tout, qu'avait-elle à craindre si ce n'était la mort? Et encore, il aurait fallu qu'ils soient préparés aux attaques de l'invocatrice de qualité qu'elle était. Ils marchèrent un court instant avant d'arriver au niveau d'une bute où des buissons touffus donnaient sur une rive. La rivière passait par là, et des sons d'activité dans l'eau se fesait entendre. Pas de monture.
La jeune femme vit des vêtements posés sur la berge, et leur odeur lui rappela celle du sang qu'elle avait recueillit. A bien regarder, ce même sang semblait les colorer... Elle déposa Lélio au sol, à un endroit qu'elle trouvait agréable... Si elle ne devait revenir, au moins le végétal aurait paisiblement dormit...
Elle avança, seule, interdisant à LoracL de quitter Lélio, et Daïni se sentait trop concernée par le petit être pour le laisser. Tristana se félicita de sa solitude. Dans l'eau se trouvait un homme de très grande taille qu'elle identifia comme un loki. Elle sourit, amusée. Il était nu dans l'eau... Des cheveux comme natés artisitiquement, mouillés par l'eau d'une rivière fraîche. Tristana ne s'attarda nullement sur la musculature de l'homme... elle ne se connaissait que trop bien. Elle attendit qu'il remarque sa présence. Il était seul, c'était évident... un loki dégageait l'aura de plusieurs humains. Malgré le fait qu'il soit imposant, il n'impressionnait nullement la jeune femme à première vue. Après tout, qu'est ce qui impressionnait Tristana en ce monde à présent?

Le loki était encore dans l'eau . Il ne se doutait nullement d'être observé en ce moment même , et , ne craignant d'affronter aucun adversaire , il n'avait pas vraiment pris de précautions . Il s'étira longuement et acheva de se débarbouiller . Pendant sa toilette , il chantonnait un air Loki très populaire :

"La bierre du donjon , c'est nous qui la faisèmes
La bierre du donjon , c'est nous qui la faisons
Faisons , faisons , la bierre du dongène
Faisons , faisons , la bierre du donjon .

La bierre du donjon , c'est nous qui l'achetèmes
La bierre du donjon , c'est nous qui l'achetons
Ach'tons , ach'tons , la bierre du dongène
Ach'tons , ach'tons , la bierre du donjon .

La bierre du ..."

Il venait de se retourner et avisait maintenant la jeune femme qui l'observait , amusée . Il ne fut nullement géné , et lui adressa un salut de la main , ponctué d'un sourire chalereux . Elle devait surement être là depuis un bon moment , car son odeur lui était apparue depuis un bon mement sans qu'il y fasse vraiment attention .

"Bonjour , mademoiselle . Veuillez m'excuser un instant . "

Il n'attendit pas qu'elle réponde et sortit de l'eau à une vitesse que même l'oeil du plus aguérit des elfes ou des démons aurait eut du mal à suivre . Il se retrouva derrière la jeune femme , et attrappa ses habis qu'il enfila tout aussi vite . Il la regarda et se racla la gorge pour attirer son attention .

"Je me nomme Edwin Almi' N ' Bakerr ' Selfian , mais apellez-moi Edwin . Que puis-je pour vous , charmante demoiselle ? Demandez-moi , et je verrais si je puis-vous être d'une quelconque utilité . "

Il la regarda sans cacher sa fascination . Il adorait toutes les femmes sans exeptions , tant qu'elles ne tentaient pas de le zigouiller . Celle-ci ne semblait pas avoir d'intentions belliqueuses à son égard .

Tristana garda cette expression amusée, sans quitter l’homme des yeux. Elle ne se formalisa nullement sur les acrobaties qu’il effectua, s’avouant pourtant à elle-même qu’elle n’avait pu le suivre du regard, un instant. Quand un raclement de gorge derrière elle lui parvint, elle se retourna, un léger sourire aux lèvres. A moins que ce loki ne feigne la sympathie pour mieux lui nuire, il ne lui inspirait aucune crainte véritable. Méfiante, certes, mais attirée par une situation lui échappant presque. Les quelques paroles de l’homme élargirent son sourire. Bien qu’elle soit sauvage et misanthrope de nature, Tristana jugea dans l’ordre du jour de se présenter, par politesse au moins…

Enchantée, « Edwin », dit-elle souriant toujours, votre proposition est fort généreuse mais je ne saurais en utiliser. Pour ma part, appelez moi Tristana, et si je puis vous être d’une quelconque utilité…

Elle regarda le loki, extrêmement amusée cette fois. Après tout, comment deux personnes ne se connaissant nullement pourraient être utiles l’une à l’autre. Ce n’était là qu’une bien pâle plaisanterie…
Tristana se recula légèrement de manière à voir plus facilement les accoutrements d’Edwin. Sans aucun doute, il était celui qui avait fait des ogres de la bouillie condensée. A bien le regarder il était effectivement relativement imposant. La surplombant de deux têtes avec facilité, et deux fois comme elle en largeur… Certes Tristana était frêle, mais l’homme était tout le contraire, et de loin. Elle analysa vite la situation. Si les intentions du loki à son égard étaient mauvaises, elle ne ferait pas le poids très longtemps…
Derrière lui, elle vit la tête de LoracL dépasser du buisson. Le petit cheval regardait Edwin, comme légèrement fasciné, et la jeune femme en fut presque jalouse. La seule personne que son invocation avait déjà regarder ainsi, c’était elle. Elle se demanda ce que pouvait bien avoir le loki pour inspirer à LoracL une telle curiosité qui lui était si inhabituelle. Enfin, elle ne comptait pas jouer double jeu, pas cette fois. Elle était d’une part impressionnée par la carrure de son interlocuteur, et il ne semblait nullement mal intentionné à son égard, du moins. Elle reporta ses yeux sur lui. Bien sur, s’il voyait l’invocation il lui demanderait d’éventuelles explications sur la nature du petit cheval, et elle devrait lui révéler son statut d’invocatrice confirmée… Cela faisait toute sa fierté, mais était ce bien prudent? Il la prendrait peut être comme une menace… Ce qu’elle ne souhaitait pas…
Elle lui sourit, légèrement et sincèrement.

Il regarda la jeune femme un petit moment , la détaillant , et se dit que malgrès sa maigreur , elle restait plutot belle . Il pensa alors lorsqu'elle lui demanda si il avait besoin de ses services :
*Nous verrons celà plus tard ... *
La robe rouge de la jeune femme lui plaisait .
C'est alors qu'un infime bruit de buisson se fit entendre derrière lui . Il ne tourna pas la tête , se contentant de détailler l'expression de Tristana et il vit qu'elle regardait un point derrière lui . Son attention se reporta sur lui , et elle lui adressa un sourire franc . Il en fit de même et en un rien de temps , sa hache en main et fit demi-tour , mais stoppa son geste en plein air quand il avisa la tête de la créature au travers du buisson . Sa bouche s'ouvrit , ses yeux s'écarquillèrent , et sa hache tomba par terre . La puissance qui émergeait de ce petit être de flammes le subjugait . Il n'avait jamais rien vu qui ai autant d'énergie destinée au feu à part lui-même et un feu de dragon . Il ne parvenait pas à détourner ses yeux de ceux de la petite créature . Le rêve qu'il avait fait quand il était enfant lui revint alors . Son grimoire était dans son sac . Il considéra le cheval un moment .

"Puis-je savoir ce que c'est ? Est-il une créature majeure des flammes ? "

Demanda le jeune homme à Tristana sans pour autant se retourner , un sourire naissant sur ses lèvres.

Tristana balaya son environnement des yeux. LoracL semblait littéralement fasciner Edwin. Il posa une question que Tristana nota comme très indiscrète, cela lui procura une sensation de plaisir transcendant. Elle posa son regard gris sur le loki. De vieux souvenirs refirent surface, un balai d’image se présentèrent à elle, images dont elle était l’actrice, ainsi que Loracl, et celui qui avait partagé son existence durant cette période bénie de sa vie, période pendant laquelle elle avait tout apprit, pendant laquelle elle n’était qu’une jeune fille, d’une naïveté méfiante et attirée, ces moment où elle n’était encore que Tristana, dans l’ombre de celui à qui elle vouait un culte sans faille.

La porte de l’auberge se refermait sur les talons de cet homme aux cheveux long qui l’intriguait tant. Tristana était couchée, dans ce petit lit, bordée. Elle avait tant de mal à s’endormir. Ces yeux d’un noir profond la hantaient, illustrant l’obsession la troublant depuis l’age de neuf ans. Elle en avait dix sept, il lui avait tant apprit, et ce n’était pas fini. Ce mage noir constituait à ce moment précis sa raison d’être. Elle lui cachait ce qu’il savait, c’était ce qui la fascinait. Comment un être humain pouvait-il dégager tant de charisme, tant de charme, comment pouvait-elle, elle, simple princesse déchue, être aussi éprise de celui qui était son maître? Elle n’était que sa disciple, un grain de poussière devant toute cette puissance émanant de Miribon. Il était pour elle l’incarnation du savoir. Ce rituel qu’ils avaient mit en place huit années auparavant devenait pour la jeune fille de plus en plus douloureux. Elle supportait de moins en moins le fait de le voir s’en aller, après l’avoir bordée de couvertures fines et lui avoir souhaité de passer une bonne nuit, seul moment où un éventuel témoignage de tendresse à son égard apparaissait chez le mage.
Tristana défit ses couvertures et se releva. La porte de bois fine laissait passer un filet de lumière émanant des torches illuminant le corridor de la petite auberge tranquille dans laquelle ils logeaient cette nuit là. Miribon devait être au comptoir, buvant un verre d’hydromel… ou bien avec cette rousse aux courbes enviables, jouant de son décolleté exagéré pour attirer les clients en mal d’affection dans la chambre qu’elle occupait à long termes. La jeune Tristana ne connaissait que trop bien ces femmes aux atouts envoûtants, contre lesquels les pauvres enfants comme elle ne pouvaient rien faire. Elle prit la couverture de laine occupant son lit et la cloua devant la porte de sa chambre, offrant à la pièce une obscurité dont elle saurait se jouer. Dans le noir complet, seul un rayon de lune traversait les carreaux sales de la chambre, laissant apparaître la poussière de l’air. Tristana prit dans son sac une craie rouge et commença à tracer un pentacle à cinq branches. Elle alluma treize bougies qu’elle plaça à intervalles régulier autour de son tracé parfait et appliqué. La poudre couleur de sang du flacon qu’elle gardait toujours avec elle servit à recouvrir le pentacle à la craie. Tristana s’agenouilla au bout de l’un des sommets de l’étoile. Le pentacle s’enflamma. Elle entra en transe.
Les éternels représentations que Tristana trouvaient exagérées jadis prirent forme devant elle en la personnification de Madopta, l’une des treize puissances maîtresse d’invocation. Tristana était entraînée aux pires situation, mais jamais Miribon ne l’avait laissée simuler une telle manipulation. Madopta était plus que puissante, la jeune fille le savait. Ce soir, elle s’en sortirait plus que victorieuse ou morte. Les quelques provocations que la déesse lui lancèrent n’atteignirent pas Tristana. Des heures durant, l’adresse intellectuelle de la jeune fille fut mise à l’épreuve, en même temps que ses connaissances. Les parades dont elle se servait pour dévier les attaques de cette invocation maléfique finirent de convaincre Madopta. Quand les premières lueurs du jours apparurent, la maîtresse démoniaque arrêta. Elle se dissipa, laissant au milieu du pentacle un cheval de toute petite taille, encore dans une membrane protectrice. Tristana était épuisée. Elle posa sa main sur LoracL, incarnation même de la méchanceté, du maléfice noir, de l’enfer… Les sabots du poulain s’embrasèrent. Tristana tomba d’épuisement aux coté de l’invocation qu’elle avait l’honneur de posséder.
Les tambourinements à la porte de sa chambre la réveillèrent. Elle se leva péniblement. Seule la présence du petit cheval lui confirma la véracité de ce qu’elle avait entreprit cette nuit là. Le soleil se levait à l’horizon. Elle devait être prête pour reprendre la route avec Miribon… Elle alla ouvrir. Son mentor se trouvait là, en face d’elle. Les yeux cernés de sa pupille lui apprirent qu’elle n’avait pas dormit cette nuit là. Il la regarda étrangement.
Tristana se sentait si forte à présent. Elle avait une telle confiance en elle après ce qu’elle avait fait durant la nuit qu’elle se sentit l’audace d’attraper son maître par un coin de sa veste et de le tirer dans sa chambre. Elle en referma la porte et lui montra LoracL. Les yeux avec lesquels ils regarda la petite créature la fascinèrent. Elle en fut terriblement éprise…

Les yeux d’Edwin lui rappelèrent ceux de Miribon quand il posa les yeux sur LoracL. Tristana ne dit mot. Elle regarda Edwin d’une manière tellement expressive et insistante que si celui-ci ne le remarquait pas, elle pourrait à jamais enterrer ses grandes certitude concernant son potentiel de séduction.

Le jeune loki était fasciné par cette créature . Le feu qui semblait jaillir de sa peau était d'une pureté et d'une chaleur sans comparaison . Edwin tremblait d'admiration devant une telle merveille . Son sourire sur ses lèvres ne cessait de s'élargir , puis il découvrit finalement la dentition du jeune homme , laissant apparaitre ses dents pointues . Car il y avait plusieurs caractéristiques qui différenciaient les humains des lokis : Outre le fait que ces derniers soient plus beaux , plus grand , plus imposant , et qu'un alliage de métal parcourait certains endroits aléatoires de leurs corps , ils avaient les dents pointues comme celles des prédateurs .

Un souvenir vint se heurter à lui . Une simple suite de mots : " Tu sera le maitre des flammes . " Puis tout lui revint alors comme une vague .
Quand il était enfant , Edwin révait de multiples batailles dans lesquelles il participait . Un jour , au cour d'un rêve ou il venait de terrasser un démon énorme , un humanoïde apparu devant lui , deux grosses épées de flammes à chaques mains , et un masque derrière lequel brulait un brasier. Des flammes parcouraient son corps. Celui-ci déclara :
"Edwin , petit loki , futur maitre des flammes , laisse moi t'offrir ces modestes présents en gage de mes loyaux services."
Edwin se réveilla en sursaut . Il se frotta vigoureusement les yeux , et trouva un poids sur les fourrures qu'il possédait en guise de couverture . Là , sur son lit était posé un grimoire en cuir marron , sur lequel était écrit en rouge : "Bestiaire des créatures de feu mineures & intermédiaires" .
Ce grimoire permettait de faire apparraitre des créatures des flammes qui le protègeraient , grace à des cartes placées à l'intérieur .

Il se retourna vers Tristana , avec la même expression sur le visage , mais fut frappé de stupeur . Jamais aucune femme ne l'avait regardé d'une telle manière . Il hésita à la conduite à tenir , puis finalement s'approcha d'elle et riva ses yeux rouges dans lesquels semblaient brûler un brasier de désir et d'admiration . Il n'était plus qu'à une trentaine de centimètre lorsqu'il stoppa son avancée .

Tristana ne quittait pas le loki des yeux. Le regard de celui-ci traduisait un sentiment étrange, et la jeune femme en fut perturbée. Exactement la même situation s’était produite quelques décennies auparavant. Miribon avait admiré LoracL, puis c’était tourné vers elle, de la même manière qu’Edwin à cet instant précis. Elle le vit s’approcher. Tristana ne bougea pas. LoracL sembla reculer, pour se confondre avec l’ombre du buisson, puis repartir vers Lélio, endormi certainement, sous la surveillance de Daïni.
Elle attendait, la patience de quelques secondes seulement, avant que le loki ne s’arrête. Tristana réfléchit peu. Ce n’était plus son cerveau qui contrôlait ses mouvements. Si elle avait réfléchit ne serait ce qu’un instant, elle ne serait pas approchée d’Edwin, elle n’aurait pas posé ses mains sur les tâches ensanglantées de ses vêtements…
Le carnage qu’il avait fait et dont elle avait été le tardif témoin ne fit que renforcer son idée de lui. Elle l’admirait sur le moment. Tout être lui inspirait le plus profond mépris. En revanche, ce loki avait un certain charme, et le peu qu’elle savait de lui suffisait à donner à Tristana l’envie de le connaître d’avantage… de le connaître… elle se posait elle-même la question si le terme convenait. Il attisait en elle un mystère qu’elle ne voulait pas chercher à décrypter tout en s’en approchant le plus possible.
C’était un feu en plein hiver. Elle voulait s’en emparer, par nécessité autant que par désir, mais en craignait les élans trop ardents. Mais dans les cas où elle avait froid… le feu ne l’impressionnait plus.
Elle était si près de lui à présent.

Edwin la regarda s'approcher de lui , les yeux rivés aux siens , et il eut l'impression qu'une force invisible le poussait vers cette femme , une force qu'il ne pouvait qu'accepter tant elle était puissante et sans appel . Tristana posa ses mains sur sa cuirasse couverte de taches de sang séché , et le loki sentit comme un courant lui remontant le long du dos , et parvint à retenir un tremblement . Lui , trembler ? Ce serait bien la première fois ! Mais ce n'était pas de la peur que le loki ressentait , plutot une excitation et un désir grandissant pour cette femme qui se dressait face à lui , ainsi qu'une admiration qu'il ne cacha pas .
Il posa ses mains sur les hanches de cette femme si désirable qu'il avait en face de lui .
Il avait eu beaucoup d'aventure , mais n'avait jamais ressentit autant d'attirance pour une quelconque autre femme qu'il avait séduite par le passé .
Il s'approcha encore d'elle , et se pencha sur son visage , les yeux perdu dans ceux de Tristana , un air totalement émerveillé sur le visage qui reflétait bien ses sentiments . Ses lèvres s'emparèrent alors de celle de la femme en rouge qui lui plaisait tant , pour un baiser passionné , déclenchant un incendie dans le loki qu'il ne pouvait pas éteindre . Il la serra contre lui , ses mains caressant son dos . Ils formaient vraiment un curieux tableau , lui , le loki gigantesque , elle la jeune femme plutot frêle , dans les bras l'un de l'autre .